dimanche 20 novembre 2016

Comment le vin du Stromberg prit la clé des champs

Une bouteille  de bon vin est sans doute une bonne chose à diner mais vous n'avez peut-être pas pensé que si on demandait son avis à son contenu, et bien, celui-ci ne serait peut-être pas le même que du vôtre. Dans une bouteille de vin du Stromberg, vous savez cette belle cave sur la route de Petite-Hettange, un merveilleux liquide pétillant et  ambré aspirait à gagner sa liberté. A l’intérieur d’une épaisse bouteille, argumentant du fait qu’il était couleur d’or et chargé de perles, le nectar trop précieux pour sortir de sa prison de verre pour immédiatement se retrouver dans un ventre, se mit à bouillonner avec force et conviction. Il décida de prendre sa liberté. Hélas la bouteille était bien cachetée et ficelée très serrée par un fil de fer qui refusait de se laisser corrompre. De plus le bouchon faisait la sourde oreille et refusait obstinément tout compromis. Je suis de liège disait-il, incorruptible et tête de mule. Si bien que pour  y parvenir le bouchon était devenu pour le vin une grande affaire. Les bulles avaient été mises à contribution pour apporter des idées. Ce jour-là, une bouteille avait été sortie délicatement de la sombre cave. Le vigneron, les jours de froidures aimait à organiser des repas où quantité de gens venaient se délecter de fortes victuailles et de bon vin, pétillant ou non.  Notre bouteille au début un peu perdue par tant de brouhaha mais patiente attendait son heure de passer à table. Elle était la dernière et le moment approchait. Elle en était très fière. Elle connaissait son avenir, retour à la cave après une toilette qui la ferait briller puis elle aurait la garde d’un nouveau breuvage, la belle vie. Tout près d’elle, contre le verre, un gratouillis la chatouilla et attira son attention. Une bulle qui passait fut chargée d’aller aux renseignements. Elle revint toute excitée  et rapporta cette nouvelle : notre heure approche, il y a un tire bouchon !!!!       « Oh … Un tire-bouchon !!!  S’écria le délicieux breuvage, un tire-bouchon pour enlever ce maudit liège et que tout ce qui me gêne s’en aille au loin et que je trouve enfin ma liberté… Au secours !!! Au secours !!! ». Mais revenons à notre bouteille. De voir le tire-bouchon et d’essayer d’attirer son attention a mis le crémant dans tous ses états. Il s’énervait et essayait par tous les moyens de rompre ses liens. Le vin bouillonnait, fermentait et écumait,  impatient de s’élancer au-dehors. Enfin le liège trouva son maitre. Il céda sous la pression. Le bouchon sauta en l’air dans un bruit de canon, emportant au passage le fil qui claqua comme un coup de fouet. La porte de la prison était ouverte, le vin ne perdit pas de temps. Il  courut et se répandit tout à son aise. En une petite poignée de secondes, la bouteille était vide. Pour le reste, il parait qu’on vit passer un petit filet, tout bouillonnant et impatient, qui ne perdit pas de temps pour se rendre au ruisseau d’Oudrenne, qui comme chacun le sait rejoint la Moselle, qui rejoint le Rhin, qui rejoint la mer du Nord …


Christian LUZERNE Conteur de Légendes.

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