dimanche 26 février 2017

LES VOYAGES DU CONTEUR DE LÉGENDES

La Déesse de KLANG

Quand j’arrivais dans la forêt de Klang, j’étais parti confiant et sûr de moi. Soudain, Un doute m’envahit, les arbres semblaient me dire que je n’étais pas le bien venu. Il se trouva aussi que j’étais perdu. Je voulais simplement rendre visite au Trou d’Enfer et à sa prodigieuse sculpture de la Déesse du NONNENFELS sur le Rocher Rouge . Une inquiétude qui allait en grandissant commença à m’envahir. Désorienté, j’appelais de toutes mes forces. Seuls me répondaient des échos sourds et lointains. Je commençais à courir. Je déchirais mes vêtements à tous les buissons le visage meurtri par les branches qui, courbées un instant, se relevaient soudain avec violence. Je ressemblais à un homme saisi par un cauchemar horrible. Enfin, je ne sais comment, j’atteignis le but de mon voyage. Pourtant je  connaissais l’endroit à merveille pour l'avoir souvent visité autrefois en rêvant à ses légendes et à sa magie. Je n’étais pas seul, ça me rassurait un peu. Un homme très âgé se tenait à quelques pas de la roche,  je  ne pus m'empêcher de remarquer la figure du vieillard. Une grande bonté était peinte sur tous ses traits. Ses yeux étaient humides, il parlait à la pierre d’une voix douce et vibrante, et son front, qu'entouraient quelques mèches de cheveux blancs, semblait briller d'un éclat mystérieux. A cet aspect, Je fus repris d'une terreur secrète et d'une grande pitié. J’osais lui demander ce qu’il faisait là. Le vieillard ne répondit pas. L'œil fixé sur la pierre dont le granit semblait scintiller. Le visage pâle, l'air calme, il semblait se recueillir dans une pensée suprême. Puis, comme s'il eût été seul, il s'avança lentement en écartant les bras vers la pierre. Rien dans ses traits ne trahissait le moindre trouble. Tout à coup je le vis s'élancer. Je poussais  un cri d'effroi et fermais les yeux en me protégeant le visage. Mais au même instant je sentis un courant d’air qui me força à reculer. Quand je regardais, il avait disparu. Il me sembla que la Déesse avait pris une expression étrange pendant un moment, j’aurais juré qu’elle souriait. La forêt semblait apaisée. Je dois dire que je suis rentré tel un cheval au galop et cette fois sans me tromper.

Christian LUZERNE Conteur de Légendes



dimanche 19 février 2017

LES VOYAGES DU CONTEUR DE LEGENDES
Le jeune couple de la calèche
Deux heures sonnaient au clocher de la petite église de mon village. J’étais parti faire ma promenade journalière. Le ciel, d’un bleu profond, laissait le soleil inonder mon visage. Mon chapeau de paille un peu juste, je choisi un arbre bien feuillu et je me mis à son ombre avec l’envie d’y faire une belle sieste.  La chaleur était accablante. Fatigué, j'éprouvais un invincible besoin de repos. L'ombre était engageante, je m'étendis au pied de l’arbre, une racine me servant d’oreiller. Un demi-sommeil commençait à me gagner, lorsqu’un bruit de sabots me tira de l'engourdissement où j'étais plongé. Une élégante calèche emmenée par deux superbes chevaux roulait sur le chemin puis s’arrêta non loin de moi en m’ignorant. Le conducteur de ce bel équipage était un homme d'une trentaine d'années. Son visage avait une expression de gravité que tempérait la douceur de son regard. A ses côtés était assise une jeune femme dans tout l'éclat de la jeunesse et de la beauté. Elle tenait sur ses genoux un panier recouvert d’une jolie serviette à carreaux. En les regardant mieux, une drôle d’impression fit place à mon agacement, je ne saurais dire lequel était le plus pâle. Dans nos campagnes, l’air et le soleil burinent les visages et le bon vin rosit les joues. Manifestement ils n’étaient pas de la région. L’attelage arrêté, le jeune homme en fit le tour et donna sa main à la jeune fille qui descendit avec grâce. Ils étaient richement habillés mais à mon avis bien trop chaudement pour l’époque. Et bras dessus, bras dessous sans sembler être le moins du monde incommodés par la chaleur, ils s’éloignèrent dans la prairie toute proche. La jeune femme déposa avec beaucoup de soin d’appétissantes victuailles sur une nappe finement brodée. Assis l’un contre l’autre sur une souche d’arbre, ils déjeunèrent sans se dire un mot me semblait-t-il. Les chevaux avaient une patience d’anges et attendaient silencieusement en dégustant quelques feuilles. Je m’endormis.  Je fus tiré de ma sieste par une mouche  trop curieuse. En voulant la chasser, je m’aperçus que j’avais un bouquet de violettes dans ma main. Plus de trace de l’attelage ni du jeune couple.  Je me levais péniblement et curieux je voulu voir de plus près l’endroit qui m’intriguait et où il me semblait que les deux voyageurs s’étaient installés pour déjeuner. Enfin c’est ce qu’il me sembla car je ne retrouvais dans l’herbe en tout et pour tout que quelques fleurs qui n’avaient pas été cueillies. Je posais le bouquet de violettes sur la souche et je m’éloignais  en me retournant plusieurs fois.

Christian LUZERNE Conteur de Légendes


lundi 13 février 2017

LES VOYAGES DU CONTEUR DE LÉGENDES
La jeune femme qui attendait son amoureux ... fin
Toute la journée je crus avoir perdu la raison... Je ne pouvais lier ensemble deux pensées. Que m'était-il arrivé ? Que s’est-il passé pendant ces heures pleines de doux mystères ? Le soir dans mon fauteuil préféré mon chat sur les genoux, je pensais encore à cette rencontre très étrange. Bientôt pourtant mes idées se sont mélangées et ma tête m’abandonna et tomba sur ma poitrine... La fatigue du corps l'emportait sur mes préoccupations. Je m'endormis. Le lendemain, je m'occupais à faire des recherches dans le village, afin que l‘on pût au moins me mettre sur la trace des personnages. Mais je n'obtins que de vagues réponses. Les regards se détournaient. Soupçonnant je ne sais quoi, la vérité peut-être, un ancien du village fit un clin d'œil à sa femme, et tous deux se renfermèrent dans un mutisme complet. Ne me valait-il pas mieux croire m'être trouvé aux prises avec une rusée coquette du village, ayant voulu s'amuser à mes aux dépens et qui connaissait quelque passage secret ? Le soir, je rentrais découragé et passais la nuit sans trouver le sommeil... Je craignais sérieusement pour ma santé mentale. Je n’osais pas retourner dans ma cave, mon chat non plus d’ailleurs. Mais je souhaitais la revoir encore une fois. Le soir suivant, quand la nuit fut très noire, j’ouvris la porte et je mis le pied sur la première marche, le plus dure était fait. La cave était vide et sinistre. Je m’écroulais dans le fauteuil qui gémit dangereusement et, j’entendis quelque chose de lourd tomber, certainement retenu par les sangles du siège. Je me baissais. Une sueur froide inonda mon front... c'était un petit coffret tout simple. Je le pris délicatement entre mes mains comme un fragile trésor. Tremblant je soulevais avec précaution le petit couvercle. A l’intérieur, sur un lit de soie, une alliance avec un ruban au bout duquel se trouvait un petit rouleau de papier. J’allais le prendre curieux quand je sentis une présence, sa présence. Elle était là, les sourcils froncés et me désignait le papier. Je le déroulais et le lui montrais. Elle prit un temps infini pour le lire. Elle caressa la bague avec une grande douceur puis me jeta un regard chargé de reconnaissance et il me sembla qu’elle disparut. Enfin, j’étais seul avec le coffret et un parfum de lilas. Le papier se transforma immédiatement en poussière, vous pensez avec tout ce temps passé ici et la bague m’échappa et roula je ne sais où, je ne l’ai jamais retrouvée. Je possède toujours le coffret, il est remis à sa place sous le fauteuil. Ce qui est sûr c’est que quand mon chat s’y couche, il ronronne.
Christian LUZERNE Conteur de Légendes.

dimanche 5 février 2017

LES VOYAGES DU CONTEUR DE LÉGENDES
La Jeune femme qui attendait son amoureux
Il faut que je vous raconte l’aventure qui m’est arrivé.
J’habite une jolie maison fort ancienne au cœur du village. Ce que j’aime surtout c’est l’ambiance qu’elle dégage, ce parfum de mystères et ces frissons qui vont de paire. Je pense souvent à ceux qui y ont vécu et je m’imagine de belles histoires. Pour ce qui est des belles histoires, je fus servi cette nuit là. Je descendais sur le tard, chercher une bouteille de ce bon vin que je gardais pour les grandes occasions. Je fus fort surpris de voir, assise dans ce vieux fauteuil dont je n’avais jamais eu le temps de me débarrasser, une jeune femme qui semblait m’attendre. Elle leva la tête et ses longs cils se relevèrent lentement... de ses yeux de saphirs s'échappèrent deux larmes... Nous nous sommes regardés un long moment. Je lui demandais ce qu’elle faisait là. Elle me répondit doucement qu’elle était chez elle.
« N'avez-vous donc jamais pensé à habiter d'autres lieux plus confortables que ceux-ci ? Lui demandais-je me sentant un peu idiot.
Elle me sourit et me dit qu’elle attendait avec désespoir le retour de son amoureux parti à la guerre depuis elle ne savait plus combien de temps.
Attristé, je repris :
- Avez-vous songé qu'ailleurs vous pouviez trouver une âme qui comprendrait vos peines et vos chagrins, et qu'il puisse y avoir au monde un autre amoureux pour vous, quelqu'un qui vous aimerait tout autant que lui ?
Je disais ces paroles comme un père le dirait à son enfant...
- Non, dit elle, je lui ai promis de l’attendre le temps qu’il faudrait.
Puis tournant tristement la tête vers le mur, elle murmura :
-Voilà encore une nouvelle journée, il me faut partir... »
Mon regard se porta vers le minuscule soupirail où une lueur blafarde faisait pressentir le jour naissant.
Soudain un silence profond régna dans la pièce. Je me retournais, la jeune femme avait disparu. Seul flottait dans la pièce un doux parfum de lilas. Je remontais d’un pas lourd, je n’avais pas vu le temps passer. J’étais sûr que je la reverrais …
Christian LUZERNE Conteur de Légendes
Belle semaine pleine d'amour.

vendredi 3 février 2017

Les mystères de Malling / Petite-Hettange
Une Rose nous est tombée du ciel.
En ce temps là on l’appelait le bonhomme. Depuis bien longtemps déjà, il vivait son chagrin et sa solitude, jour après jour. Son épouse, Annie était très discrète mais à la lenteur de ses gestes son mari savait qu’elle souffrait autant que lui. Leur chien attendait toute la journée en geignant, le museau collé à la vitre de la porte. Même la maison ne faisait plus craquer ses parquets de plaisir. N’y tenant plus le bonhomme s’adressa à sa femme : « je sors ma mie, c’est une belle et bonne nuit ». Il chaussa ses grosses bottes et s’en alla comme on va vers un rendez-vous. Il tenait à admirer le ciel en cette nuit si douce. En cette nuit où l’on voyait des étoiles tomber sur la terre. Il se rappelait une vielle légende qui disait que parfois les astres font la fête et un peu enivrés accordaient un vœu. C’est avec appréhension et espoir qu’il regarda la voûte étoilée. Et le spectacle commença. Que se passait-il dans les cieux pour provoquer pareil féerie, qu’y fêtait- on ? Surement un événement incroyable. A cet instant une longue, longue traînée de feu parcourut le ciel et vint se terminer à quelques dizaines de mètres de notre bonhomme. Il s’avança avec précautions et resta littéralement sans voix. Un bébé était couché, là au milieu des coquelicots. Il le prit délicatement dans les bras, et fut immédiatement sous le charme. Que tu es mignonne, tu es jolie comme une rose lui dit-il. Qui es-tu, ma petite fleur ? Qui t'a déposée là ? Voyons, réponds donc ! » Il se mit à rire devant son manque d’expérience, l'enfant ne savait pas encore parler et ne lui répondait que par un joli sourire. Alors il la couvrit de sa veste et l’emmena chez lui. Les étoiles du ciel semblaient se rapprocher bienveillantes et la lune avait son plus beau sourire. Il entendit la maison craquer de joie, le chien se mit à aboyer en remuant follement sa queue. Sa femme se précipita sur le perron et dévala les escaliers. Son bonhomme de mari lui tendit le bébé et lui dit avec solennité : « Tiens, femme, voilà un enfant que j’ai trouvé, il nous est tombé du ciel ». Annie comblée fut si heureuse qu’elle partit comme une comète vers la maison. Elle nourrit la petite Rose, la berça doucement dans ses bras protecteurs et lui chantonna une douce berceuse. Elle l'aima comme une mère et chacun sait combien une mère a d’amour au fond de son cœur. Le bonhomme tranquillement assis dans son fauteuil, enfin heureux écoutait la maison craquer, les gazouillis de Rose accompagnant les douces mélodies que lui chantait sa maman. Le chien continuait d’attendre mais cette fois, il attendait que Rose vienne jouer avec lui.
Christian LUZERNE Conteur de Légendes.

Lumière de vie La fête de la lumière arrivait au milieu de l'hiver. Dans son petit coin de campagne chacun cherchait comment, à cette...