samedi 30 septembre 2017

Les voyages du Conteur de Légendes
Il cherchait son trésor
Assis sur un banc après une longue marche, je fus un peu surpris quand une vieille dame  vint partager mon lieu de repos. La conversation s’engagea rapidement. J’avais affaire à une bavarde qui rapidement me passionna. Elle discutait des histoires passées de sa commune et puis, elle me parla d’elle-même.
- « Savez vous, me dit-elle qu’un jour mon papa s’arrêta dans ce village ? Il faut que je vous raconte. On ne sait pas d’où il venait, et il ne l’a jamais dit, même à moi, sa fille préféré. ». Elle sourit en ajoutant :
-« je suis restée fille unique. Tout ce qu’on a appris, c’est que tout enfant, il avait marché pendant deux journées complètes. Il allait tout droit devant lui, sans s’inquiéter du lieu où il arriverait puisqu'il cherchait semble-t-il fortune. Ainsi, lorsqu'il apercevait quelque morceau de verre étincelant au soleil, il le ramassait avec la conviction d'avoir mis la main sur un diamant de belle taille. Quand il voyait à l'horizon une petite forêt, il se précipitait, croyant faire son entrée dans une contrée merveilleuse. Finalement, ce petit homme avait senti la fatigue le mordre aux mollets et la faim lui tordre l’estomac. Durant deux jours, il avait  marché sans avoir découvert la fortune ni rencontré aucune fée et surtout, sans avoir rien eu à se mettre sous la dent, hormis les quelques fruits cueillis aux arbres du chemin. Déjà, il commençait à se désespérer lorsque, le matin du troisième jour, le village apparut. Il s’approchait de la maison la plus modeste dont les tuiles brillaient au soleil comme autant de diamants. A l’instant où il allait frapper à la porte, elle s'ouvrit. Une multitude de chiens et de chats  sortaient  de nulle part et sans se faire répéter l'invitation, ils entaient en se bousculant. Le gamin restait un moment indécis, se demandant s'il devait les imiter, puis il se décida à suivre deux jeunes chatons qui, à en juger d'après leur empressement, étaient sans doute des hôtes habituels du logis. Quelqu’un qui passait entendit parait-il :
- D'où sors-tu donc pauvre enfant ? Entre donc !».
 La vieille dame me regarda, se leva et avant de partir, dans un merveilleux sourire me confia que son papa n’était jamais reparti.  

Christian LUZERNE Conteur de Légendes – texte protégé.

dimanche 24 septembre 2017

Les voyages du Conteur de Légendes.

Le héron qui parlait

Un héron, planté entre les grandes herbes donnait la chasse aux grenouilles. Il avait terminé sans doute son repas, car il avait commencé un bout de toilette tout en s’approchant des pêcheurs qui taquinaient le goujon.
Au nombre de trois, ils étaient abîmés dans la contemplation de leurs bouchons qui  demeuraient étrangement immobiles.
Ils sursautèrent très étonnés quand le héron s’adressa à eux :
 D’une douce voix il leur dit :
- « Bonjour, comme vous êtes matinaux  aujourd'hui ! La pêche est-elle bonne ? »
- « Bof !!!  Fit l’un des pêcheurs sans se démonter, mettant cette bizarrerie sur le compte de petits rhums qui devaient les réchauffer »
Le héron poursuivit avec malice :
- « Accepteriez-vous un quartier de lézard ou une cuisse de grenouille ? »
Les pécheurs en furent encore plus surpris et l’un d’eux, le plus  grognon, lui répliqua:
- « Merci bien, nous n’avons pas faim. »
Et le héron s’élança dans une série de sautillements qui ressemblaient à une danse.
Sa gaieté se communiqua aux pêcheurs et ils se mirent à rire de bon cœur, oubliant la bizarrerie de la situation.
Ils le virent se dresser sur une seule patte et battre des ailes avec frénésie. Ils éclatèrent d'un rire impossible à contenir plus longtemps. L’un des  pêcheurs, celui à la grosse moustache  fut le premier à retrouver son sérieux et sembla oublier le volatile.
Alors le héron s’envola sans plus s’occuper d’eux.
- «  Voilà une scène à laquelle, je n'aurais pas voulu manquer pour tout l'or du monde, s'écria-il. C'est dommage que ce héron soit aussi susceptible. Il aurait peut-être  chanté. »
Et très sérieux, ils reportèrent leurs regards sur les bouchons qui demeuraient étrangement immobiles.

Christian LUZERNE Conteur de Légendes. Texte protégé. 

vendredi 22 septembre 2017

Les voyages du Conteur de Légendes.
Vieilles paroles retrouvées
La puissance de l'œil sur les divers animaux carnassiers : lions, panthères, etc., qui, après quelque temps de lutte, fuyaient ce regard en se retirant au plus profond de leur tanière. Et, de nos jours, une jeune dame que nous connaissons, oblige, par son regard, le grand lion à se coucher et à ramper devant elle dans un état d'humble soumission.
Le loup perd sa férocité s'il est vu par l'homme avant de voir celui-ci.

En Sologne, lorsqu'un serpent atteint l'âge de sept ans sans avoir été vu de personne, il lui pousse des ailes.

mercredi 20 septembre 2017

Les voyages du Conteur de Légendes.
Vieilles paroles retrouvées
Un officier anglais se trouva, sans arme à feu, en face d'un tigre dans l'Inde, ayant entendu dire que le tigre est quelquefois tenu en échec par le regard, il le fixa. En peu d'instants, l'animal qui s'apprêtait à bondir s'écarta un peu et chercha à saisir son ennemi par derrière, mais l'officier tourna constamment en même temps que lui, celui-ci s'efforçait d'éviter son regard et, tapi dans un buisson ou se déplaçant fréquemment, il resta plus d'une heure à tâcher de saisir l'officier par surprise, découragé enfin, il quitta la place. Le lion lui-même recule et s'éloigne lorsqu'en plaine l'homme s'arrête et le regarde fixement sans abaisser les paupières.

Ce qui explique beaucoup de disparitions, belle journée à fixer son ennemi ...

dimanche 17 septembre 2017

Les voyages du Conteur de Légendes.

Anciennes paroles retrouvées.
La Troglodyte et le Loup.

La troglodyte s'était abritée dans le trou d'un mur contre la froidure de l'hiver ou contre la chaleur de l'été, peu nous importe. Le loup l'aperçut :
-  Troglodyte, sors, sors !
 - Oui, mais tu me goberais !
-  Sors, sors !
-  Non, non !  Sors, te dis-je ! 
-  Jure que tu ne me feras pas de mal ?
-  Je ne te toucherai pas avec mes dents, dit le loup en levant la patte droite.
La troglodyte rassurée sortit de son abri. Ce fut la cause de sa perte car le loup oubliant aussitôt sa parole n'en fit qu'une bouchée et vivante l'engloutit dans son estomac. Au fond de cet entonnoir l'oiselet criait de toutes ses forces : 
- Parjure, Parjure ! 
Le loup ne put supporter longtemps ces reproches si outrageants pour sa réputation. Il ouvrit la gueule pour répondre :
-  Si je suis parjure je m'en moque !
Et zoup ! La troglodyte sortit et d'un léger coup d'aile elle fut dans le trou du mur où elle sifflote encore.


 Conté par CAZENOBE,  en 1896.

jeudi 14 septembre 2017

Les voyages du Conteur de Légendes.

Anciennes paroles retrouvées.
La femme.
On connaît l'apostrophe de Diderot à Thomas, qui venait de publier un Essai sur les femmes : « quand on veut écrire les femmes, il faut, monsieur Thomas, tremper sa plume dans l'arc-en-ciel et secouer sur sa ligne la poussière des ailes du papillon. » Brillant, svelte et gracieux, l'arc-en-ciel a en effet quelque chose de féminin, la femme semblant en correspondance naturelle avec tout ce qu'il y a de joli de par le monde.

Tout est dit, belle soirée en arc en ciel.

dimanche 10 septembre 2017

Les voyages du Conteur de Légendes.

Les fées de Malling.

Il existe dans la commune de Malling , un petit coteau près de la rue des Bosquets. Un jour, des paysans, conduisant leurs troupeaux , aperçurent des fées qui remuaient des pièces d'or à la pelle. C'était sans doute pour les empêcher de rouiller ou de moisir qu'elles les étendaient ainsi au soleil. Qu'on juge de l'étonnement des bonnes gens en voyant autant d'or, eux qui en avaient eu si rarement dans leurs pochettes. Ils regardaient cela d'un air de convoitise, lorsque l'une des fées leur dit : Nous vous permettons d'en prendre autant que vous pourrez en emporter, L'un des paysans s'empressa de remplir ses poches, tandis que l'autre dévalait la butte au galop pour aller chercher un tombereau afin d'en emporter davantage. Hélas ! Quand ce dernier revint, le champs était désert. Il n'y avait plus ni fées ni or. Son compagnon, plus heureux que lui, s'en était allé riche comme un marchand de cochons, ce qui prouve une fois de plus qu'il faut savoir être raisonnable ici-bas.


Belle semaine en étant raisonnable comme le dit la petite histoire .

jeudi 7 septembre 2017

Les voyages du Conteur de Légendes.

Vieux textes retrouvés.

Les superstitions.

"N'a-t-on pas vu naguère les gens des campagnes attribuer aux chemins de fer, lors de leur première apparition dans une contrée, une influence dévastatrice sur les récoltes ? Les nouvelles machines marchaient comme des êtres fantastiques, leur imputer la perte accidentelle d'une récolte sur pied placée non loin de leur passage était une chose en quelque sorte logique pour des populations incultes et superstitieuses. Qu'on ajoute à ce sentiment l'esprit de réaction contre toute nouveauté, qu'inspire la routine aux ignorants, et on s'expliquera comment des idées si absurdes ont pu se faire jour. Aux environs de Montpellier même, de pareilles croyances ont régné quelques instants."

Dr C. CAVALIER, Etude médico-psychol. sur la croyance aux sortilèges. Montpellier, 1868


Belle journée sans avoir peur de l'inconnu.

mercredi 6 septembre 2017

Les voyages du Conteur de Légendes.

Suite de la bête de la Lohière

Il y avait cependant un moyen d'éviter ses maléfices et pour cela il suffisait de lui adresser des compliments. Elle était sensible aux louanges, si au lieu de l'injurier on lui disait bien gentiment : « Te voilà, belle Jeannette, laisse-moi, ne me fais pas de mal, je t'aime bien, je suis ton ami, etc. » Alors elle s'en allait tranquillement, ou même s'employait à votre service si vous en aviez besoin. Sa rage est aujourd'hui assouvie. On n'entend plus parler d'elle, et il n'y a guère que les ivrognes, revenant des foires et des marchés, qui affirment l'avoir rencontrée. Mais les habitants de Loutehel et même de tout le canton de Maure vous déclareront, quand vous voudrez, que leurs pères ou leurs grands-pères ont été maltraités par la bête de la Lohière, il n'y a pas plus de cinquante ans.
FIN ....en attendant une autre histoire ...
A bientôt. Belle journée pleine de belles histoires.


lundi 4 septembre 2017

Les voyages du Conteur de Légendes.
Suite de la bête de la Lohière
Mal lui en prit : le mouton qui semblait tout petit s'allongea soudain, grossit à vue d’œil, s'élança sur l'homme, lui posa les pieds de devant sur les épaules en cherchant à l'écraser de son poids qui devenait de plus en plus lourd. « C'est la Biffardière» , pensa Moinard, et, comme il avait entendu dire qu'elle n'avait plus aucun pouvoir dans le cimetière à cause  du lieu, il s'en approcha insensiblement et parvint bientôt à franchir la pierre qui l'en séparait. En effet, le mouton s'enfuit ; mais, chaque fois que le sacristain cherchait à sortir, soit d'un côté, soit d'un autre, il rencontrait toujours le bélier qui lui montrait ses cornes. Force lui fut de passer la nuit au milieu des tombes. Jeannette se promenait aussi souvent dans les appartements du château de la Lohière où elle éteignait les lumières, enlevait les couvertures des lits, jetait les dormeurs par terre ou frappait ceux qui, le jour, s'étaient moqués d'elle.

à suivre.... 

dimanche 3 septembre 2017

Les voyages du Conteur de Légendes.

Suite de la bête de la Lohière

Un pauvre diable qui y avait été jeté par Jeannette de la Biffardière y resta trois jours. Il y rencontra des monstres affreux qui le poursuivirent jusque sous le bourg de Loutehel. Ce ne fut que le soir du troisième jour qu'il put leur échapper et qu'il revint à la surface du lac. Lorsqu'un pâtre allait chercher ses bêtes aux champs, il devait prendre de grandes précautions pour les ramener sans les frapper, car, s'il avait le malheur de toucher du fouet ou de la gaule la bête de la Lohière, cachée sous la peau de l'un de ces animaux, elle le rouait de coups et le laissait gisant par terre, mort ou évanoui. Les charretiers et les pâtres n'étaient pas seuls à rencontrer Jeannette, toutes les personnes voyageant la nuit étaient exposées à la voir tantôt sous une forme, tantôt sous une autre. Un soir, Moinard, le sacristain de Loutehel, trouva dans le bourg, près du cimetière entourant l'église, un mouton qui lui barra le passage.
à suivre.

Bonne nuit ....

samedi 2 septembre 2017

Les voyages du Conteur de Légendes.

Suite de la bête de la Lohière

Elle est revenue pendant des siècles sous toutes formes d'animaux. Un charretier allait-il chercher son cheval à la pâture, aussitôt qu'il l'avait enfourchée, la bête partait à fond de train vers l'étang du Loup-Borgnard dans lequel elle se précipitait et disparaissait complètement. Aucun obstacle ne pouvait l'arrêter. On la voyait bientôt reparaître sur l'autre rive, en riant aux éclats, pendant que le cavalier se noyait s'il ne savait nager. Cet étang du Loup-Borgnard, qui existe toujours, est, dit-on, sans fond.

à suivre


Belle nuit sous la lune ricanant.

vendredi 1 septembre 2017

Les voyages du Conteur de Légendes.
Suite de la bête de la Lohière
A quelque temps de là, la méchante fille mourut à la grande satisfaction de tous, mais, comme sa vie avait été trop courte pour faire le mal qu'elle avait projeté, elle continua, longtemps après sa mort, à faire de la misère au pauvre monde. Elle est revenue pendant des siècles sous toutes formes d'animaux.
à suivre
Belle nuit sans cauchemars.


Lumière de vie La fête de la lumière arrivait au milieu de l'hiver. Dans son petit coin de campagne chacun cherchait comment, à cette...